Friedrich Liebling naquit en 1893 en Galicie, dans une région qui à cette époque appartenait à l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui elle fait partie de l'Ukraine). Il a étudié à Vienne (chez Adler notamment) et, étant juif et gauchiste, s'est vu contraint de se réfugier en Suisse en 1938 où il a passé le reste de sa vie. Beaucoup de personnes se le rappelleront surtout comme le père spirituel du VPM (Verein für psychologische Menschenkenntnis), un groupement très actif surtout en matière de politique éducative et situé bien à droite, considéré comme secte par certains. Dans quelle mesure les positions actuelles des disciples de Liebling reflètent-elles vraiment les positions de leur maître? Cette question demeure controversée.
La thèse de doctorat neuchâteloise présentée ici retrace la vie et l'ouvre de Liebling, dont l'auteure a par ailleurs été l'élève et la cliente. Selon Liebling, l'homme d'aujourd'hui possède, à travers la psychologie des profondeurs, la clé de l'âme pour préparer l'humanité à une organisation juste et pacifique de la vie collective: l'humanité devrait se livrer à une étude profonde et étendue des résultats de la psychologie. Pour Liebling, ce sont les philosophes et les psychologues qui doivent jouer les gardiens de la liberté et de l'égalité des hommes. (Liebling conçoit d'ailleurs la psychologie comme une science strictement naturelle, rejetant la psychologie comme «Geisteswissenschaft», ce qui selon lui la rapproche d'un mysticisme qu'il refuse fermement.) L'humanité devrait aussi se consacrer à la réalisation d'une éducation totalement exempte de violence. Liebling considère l'éducation comme la tâche culturelle la plus importante de l'humanité, un problème immense à l'échelle mondiale, la plus grande et noble tâche pour des hommes et des femmes avisés et engagés.