En comparaison internationale, le système éducatif suisse est considéré comme inégalitaire qui reproduit le niveau social au fil des générations, entre autre par une sélection précoce des élèves au sein de filières d’études hiérarchisées du secondaire I qui délimitent les opportunités de formations post-obligatoires.
Dans leurs analyses des trajectoires éducatives des élèves orientés dans les filières à exigences basses et intermédiaires, les auteurs distinguent sept groupes selon l’origine migratoire et la génération: (1) les natifs, (2) la seconde génération d’Espagne et d’Italie, (3) la seconde génération d’ex-Yougoslavie et d’Albanie, (4) celle de Turquie et du Portugal, (5) la seconde génération d’autres origines, (6) les immigrés (arrivés après l’âge de 10 ans) et (7) la génération 2.5 (dont les individus ont un parent immigré et un parent natif). Les auteurs formulent trois types de trajectoires de formation post-obligatoire. Par «trajectoire attendue», ils entendent le fait d’obtenir le même niveau de formation que la majorité (soit 69% d’entre eux) ayant fréquenté les filières à exigences étendues ou basiques, soit un certificat fédéral de capacité, une maturité professionnelle ou spécialisée, école supérieure professionnelle du niveau tertiaire. La «trajectoire ascendante» comprend la maturité gymnasiale, l’université, la HEP et la HES. Une trajectoire non-certifiante correspond au fait de ne pas obtenir de certification du post-obligatoire.
Les résultats basés sur les données TREE montrent p. ex. que les jeunes descendants d’ex-Yougoslavie et d’Albanie sont fortement surreprésentés dans la trajectoire non-certifiante (40%), comparés aux natifs (15%). En revanche, ces premiers sont gravement sous-représentés dans la trajectoire attendue (58% contre 80%). A compétences scolaires et origine sociale égale, la surreprésentation au sein des trajectoires non-certifiantes persiste. Cependant un partie d’entre eux emprunte plus souvent par rapport aux natifs une trajectoire ascendante. Malgré ces résultats contrastés, les auteurs trouvent dans les entretiens biographiques qu’ils ont pu mener avec 50 descendants d’immigrés albanophones une forte aspiration de mobilité ascendante et l’existence de soutien par les milieux scolaire, professionnel et familial dans ces efforts dans les cas de mobilité ascendante.