L'importance exponentiellement croissante des TIC (technologies de l'information et de la communication) dans de très nombreuses sphères des activités quotidiennes de tout un chacun - éducation et formation, vie professionnelle, relations sociales, culture, action politique, consommation et loisirs, santé, mobilité, etc. - n'est plus à démontrer. Accéder à ces technologies, en maîtriser le maniement, savoir exploiter les contenus qu'elles véhiculent, constituent dès lors des enjeux clefs de l'intégration économique, socioculturelle et politique des individus et groupes sociaux. Plus encore, compte tenu de l'évolution rapide et constante de ces technologies, de leurs potentialités et de leurs usages, disposer d'une capacité permanente d'apprentissage et d'adaptation socio-techniques paraît crucial en termes d'intégration. Parallèlement aux développements socio-techniques en question, la prépondérance des TIC s'est progressivement érigée en norme sociale dominante: ladite "société de l'information", norme dontl'existence effective n'est que rarement mise en doute, et qui se réfère précisément au caractère impératif, pour tous, de l'accès aux TIC, à leurs ressources et à leurs usages. En procédant - après une analyse descriptive et comparative de la situation suisse quant aux groupes socio-démographiques plus ou moins exclus de la "société de l'information" - à une analyse critique des discours valorisant la norme "société de l'information", puis en investiguant (selon une approche constructiviste) sur le terrain de la formation aux TIC pour adultes, le projet vise à mettre en évidence les processus d'émergence et de diffusion de cette norme, les mécanismes d'exclusion et/ou d'intégration qui en résultent, ainsi que leurs conséquences en termes de lien social. La caractérisation de la fracture numérique - qui sépare ceux qui parviennent à s'intégrer en permanence à la "société de l'information" de ceux qui n'y parviennent pas - et de ses modalités de (re)production vise enfin à définir des recommandations opérationnelles, destinées aux acteurs politico-institutionnels comme à ceux qui sont engagés sur les terrains de l'action sociale et de la formation, et visant à promouvoir l'intégrationainsi qu'à contrer l'exclusion liées à cette fracture numérique. Cofinancé par deux cantons et un office fédéral, et couvrant les deux principales régions linguistiques de Suisse, le projet sera réalisé par une équipe pluridisciplinaire, intégrant aussi des ressources humaines de l'Office fédéral de la communication. Les travaux de terrain comporteront notamment quatre études de cas contrastées, auprès de personnes en formation ainsi que de formateurs aux TIC et à leurs usages. Au total, environ une centaine d'entretiens semi-directifs seront réalisés. Enfin, diverses modalités de valorisation des résultats de la recherche sont prévues, en s'appuyant notamment sur un Groupe d'accompagnement composé d'acteurs impliqués dans le domaine en question.
