Rapport de domination et violences envers les femmes dans la famille

Ref. 862

Dies ist die Version 1.0 dieses Projekts.

Allgemeine Beschreibung

Periode

1993/10-1995/10

Geographischer Raum

-

Zusätzliche geographische Informationen

Suisse

Kurzbeschreibung

L'étude se donne pour objet les violences physiques et verbales subies par les femmes au sein de la famille. Partant d'un cadre théorique qui voit l'origine du problème dans les rapports sociaux de sexe et, plus spécifiquement, dans les formes que ceux-ci revêtent au niveau de la famille, la recherche poursuit cinq grands objectifs: 1) Brosser au plan suisse un tableau chiffré de la violence dans les familles, de son ampleur, de ses formes et de sa gravité. 2) Rendre visible, à partir du point de vue des femmes directement concernées, la violence, son vécu et ses effets sur les femmes et les enfants. 3) Comprendre le phénomène de la violence familiale et les mécanismes qui la sous-tendent, à partir de l'étude comparative des familles violentes et des familles peu ou pas violentes. 4) Mettre en évidence les stratégies que développent les femmes victimes de violence pour faire face à ce problème et l'usage qui est fait des réseaux sociaux formels et informels à disposition. 5) Connaître les représentations ayant cours dans la population concernant la violence domestique envers les femmes, ses causes, le degré de tolérance dont elle est l'objet ainsi que les images relatives aux hommes violents et aux femmes violentées. L'étude comprendra deux grands volets: 1) Une enquête quantitative portant sur un échantillon représentatif de 1500 femmes résidant en Suisse et vivant en couple, interrogées par téléphone au moyen d'un questionnaire structuré. 2) Une étude qualitative reposant sur une trentaine d'entretiens approfondis avec des femmes victimes de violence. Cette recherche a des implications importantes, tant au niveau de l'avancement des connaissances qu'au plan d'une politique sociale d'aide aux victimes et de prévention de ce type de violences. Elle livrera, pour la première fois en Suisse, des statistiques représentatives au niveau national. L'application de la théorie féministe à l'étude empirique des familles devrait se révéler féconde et permettre une meilleure compréhension des déterminants sociaux et familiaux de la violence. Valorisation du projet – La diffusion des résultats de l'étude servira de support à une vaste action de sensibilisation au problème des femmes victimes de violence. Cette action sera menée en direction de l'opinion publique, des autorités responsables en matière de politique sociale et des institutions confrontées au problème (police, justice, médecine, services sociaux, associations de femmes, etc.). Enfin, l'étude apportera les informations nécessaires à la mise en place d'une politique humaine et efficace d'aide aux femmes et aux familles confrontées à la violence. En plus de la sensibilisation, il s'agira de développer des programmes spécifiques de formation intégrant les résultats de la recherche et destinés aux publics spécialisés mentionnés ci-dessus. Les requérantes seront soutenues dans cette tâche par les Bureaux de l'égalité de Suisse. Ceux-ci, réunis en Conférence nationale à Morat en octobre 1992, se sont engagés à participer activement à la valorisation des résultats, dès l'étude achevée.

Resultate

Neuf points résument les principaux acquis de l'étude: - Les rapports de domination de l'homme sur la femme dans la société suisse se manifestent sous forme d'inégalités observables dans différentes sphères. Ces rapports de domination peuvent être considérés comme les causes macro-sociales et structurelles des violences commises contre les femmes dans le cadre du couple. - La violence n'est pas rare dans les familles de Suisse et touche une proportion importante des femmes. - La violence ne se cantonne pas à certaines catégories de la population; elle traverse les clivages sociaux. - La violence est associé à certaines caractéristiques familiales, la plus déterminante est la dominance de l'homme. - Les violences ont des conséquences sur le bien-être des femmes, leur santé, leur consommation de médicaments, leur perception d'elles-mêmes. Elles concernent aussi les enfants. - Les femmes subissant des violences peuvent aussi se montrer agressives, mais il s'agit dans leur cas principalement de violence réactionnelles. - Loin d'être passives, les femmes violentées déploient différentes stratégies pour faire face à la violence de leur conjoint. - Le recours au réseau informel d'aide est fréquent, tandis que le système formel d'aide et de contrôle social est peu sollicité par les femmes violentées. Les réactions de l'entourage ainsi que celles des agent-e-s ne sont pas toujours adéquates. - Au plan des principes, le public féminin interrogé n'admet pas la violence et légitime souvent une intervention de l'entourage. Les stéréotypes relatifs à l'homme violent sont en voie de régression. En revanche, ceux touchant les femmes battues semblent plus résistants chez les femmes elles-mêmes.