L'étude se donne pour objet les violences physiques et verbales subies par les femmes au sein de la famille. Partant d'un cadre théorique qui voit l'origine du problème dans les rapports sociaux de sexe et, plus spécifiquement, dans les formes que ceux-ci revêtent au niveau de la famille, la recherche poursuit cinq grands objectifs:
1) Brosser au plan suisse un tableau chiffré de la violence dans les familles, de son ampleur, de ses formes et de sa gravité.
2) Rendre visible, à partir du point de vue des femmes directement concernées, la violence, son vécu et ses effets sur les femmes et les enfants.
3) Comprendre le phénomène de la violence familiale et les mécanismes qui la sous-tendent, à partir de l'étude comparative des familles violentes et des familles peu ou pas violentes.
4) Mettre en évidence les stratégies que développent les femmes victimes de violence pour faire face à ce problème et l'usage qui est fait des réseaux sociaux formels et informels à disposition.
5) Connaître les représentations ayant cours dans la population concernant la violence domestique envers les femmes, ses causes, le degré de tolérance dont elle est l'objet ainsi que les images relatives aux hommes violents et aux femmes violentées.
L'étude comprendra deux grands volets:
1) Une enquête quantitative portant sur un échantillon représentatif de 1500 femmes résidant en Suisse et vivant en couple, interrogées par téléphone au moyen d'un questionnaire structuré.
2) Une étude qualitative reposant sur une trentaine d'entretiens approfondis avec des femmes victimes de violence.
Cette recherche a des implications importantes, tant au niveau de l'avancement des connaissances qu'au plan d'une politique sociale d'aide aux victimes et de prévention de ce type de violences. Elle livrera, pour la première fois en Suisse, des statistiques représentatives au niveau national. L'application de la théorie féministe à l'étude empirique des familles devrait se révéler féconde et permettre une meilleure compréhension des déterminants sociaux et familiaux de la violence.
Valorisation du projet – La diffusion des résultats de l'étude servira de support à une vaste action de sensibilisation au problème des femmes victimes de violence. Cette action sera menée en direction de l'opinion publique, des autorités responsables en matière de politique sociale et des institutions confrontées au problème (police, justice, médecine, services sociaux, associations de femmes, etc.). Enfin, l'étude apportera les informations nécessaires à la mise en place d'une politique humaine et efficace d'aide aux femmes et aux familles confrontées à la violence.
En plus de la sensibilisation, il s'agira de développer des programmes spécifiques de formation intégrant les résultats de la recherche et destinés aux publics spécialisés mentionnés ci-dessus.
Les requérantes seront soutenues dans cette tâche par les Bureaux de l'égalité de Suisse. Ceux-ci, réunis en Conférence nationale à Morat en octobre 1992, se sont engagés à participer activement à la valorisation des résultats, dès l'étude achevée.