Dans le cadre du Programme national de recherche 51 ("Intégration et exclusion"), une étude a été conduite dont le but était de mettre en évidence, par l'analyse d'entretiens avec les professionnels impliqués, ce qui détermine la décision d'exclure ou non un élève de l'école obligatoire. Les chercheurs ont analysé sept cas dans lesquels des élèves (deux filles et cinq garçons; cinq enfants étrangers et deux de nationalité suisse) se sont vu notifier l'ouverture d'une procédure d'exclusion définitive de l'école obligatoire vaudoise pour des motifs disciplinaires; ces sept cas ont été étudiés par le biais de 63 entretiens avec 49 professionnels concernés. Dans quatre cas, les difficultés se sont manifestées plutôt vers la fin de la scolarité obligatoire; chez les autres, elles sont apparues déjà dans les premières années de l'école primaire. Deux de ces sept cas ont débouché sur un déplacement dans un autre établissement, deux sur des exclusions définitives, une sur le refus de prolongation de la scolarité obligatoire, un sur l'exclusion pour durée indéterminée, et un sur le retrait de l'enfant de l'école par ses parents. Les entretiens montrent qu'à chacune des étapes du processus d'exclusion scolaire surgissent des difficultés spécifiques. On peut déterminer un moment critique, vers la fin du processus: le mécanisme bascule et le foyer de l'attention se déplace des mesures qu'il faudrait prendre dans l'intérêt de l'élève vers l'auto-défense et la protection de l'institution scolaire et des ses acteurs. Les entretiens démontrent également, à chaque étape des procédures, un décalage entre l'organisation institutionnelle et les possibilités d'action réelles des professionnels. Il est également intéressant de voir à quel point le contexte de l'établissement peut jouer en défaveur des élèves: un manque de personnel, des changements à la tête de la direction, un style de leadership, un manque de concertation peuvent conduire à des processus d'exclusion.